L’écrivain et réalisateur Alexandre Jardin (Le Zèbre, Fanfan) associe les nouveaux médias numériques à la littérature dans un projet transmédia ambitieux : Fanfan2. Le transmédia, c’est une nouvelle façon de raconter une histoire qui se développe différemment selon les médias : mobile, web TV, site, iPad, TV , Cinéma.. Elle permet ainsi d’adresser des cibles variées et multiples sur une échelle de temps plus longue, par exemple plusieurs semaines. J’en parle ici.
On a davantage d’idées à plusieurs pour, chaque jour, séduire sa femme
Il propose à son lectorat un récit canonique qui va se décliner sur différentes plateformes : un site internet, les médias sociaux du type Facebook et Twitter et applications iPhone, iPad et Android. Le scénario est simple : le héros du roman, Alexandre fait le pari de surprendre sa femme au quotidien. Grâce à cette expérience cross plateformes, le nouveau lecteur “digital” peut se tenir au courant, en temps réel des frasques, idées d’Alexandre et cela du 27 octobre au mois de mai 2011.
La dimension collaborative est favorisée par les médias sociaux choisis. Il s’agit ici d’une expérience participative car le lectorat est invité à réagir et à construire avec l’auteur des bouts de l’histoire.
Les partenaires et le Retour sur investissement
Pour ce faire il s’est entouré d’une équipe d’experts des contenus numériques : la Division Contenus d’Orange , avec Stéphane Adamiak et une vingtaine d’autres spécialistes du numérique dont Happy Fannie. La start-up transmédia du très discret Matthieu Chéreau a travaillé sur la scénarisation et piloté la réalisation de l’opération. Vus ! Pris sur le fait.
Le budget, que je ne connais pas, doit être significatif. C’est pour Orange, partenaire central du projet, une opération en terme d’image, mais sans doute aussi une façon de faire de la Recherche et Développement sur les usages. A terme, la question sera de savoir comment monétiser ces nouveaux usages des internautes sur mobile ou tablet PC.
Pour Alexandre Jardin, et comme il disait lui-même samedi dernier au Web2Connect, cette expérience permettra sans doute d’accroître sa visibilité et d’augmenter son nombre de lecteurs.
Un monde qui change
Cette initiative témoigne bien d’un monde qui change, qui bascule du print vers le digital. C’est d’ailleurs le titre de ce blog : « Business goes digital ». Il y a ceux qui passent à côté – ce sera l’effet dinosaure dans la presse ou l’édition, mais aussi dans d’autres secteurs de l’économie, et ceux qui essayent, et qui, par tâtonnement, écrivent cette histoire digitale. Cette initiative peut être une piste pour redonner un nouveau souffle à la littérature et faire du digital une opportunité pour le monde de l’édition. Alexandre Jardin sera-t-il un exemple pour ses pairs ?
Sur un autre point, celui du brand content avec www.eyeka.com que j’ai imaginé et co-fondé, le transmedia émergera d’abord par des expériences culturelles, financées par du mécénat, avant d’être exploité commercialement par des marques. Les budgets sont là trop élevés et le retour encore trop incertain. A moins qu’une marque ne s’y lance en France avec cette volonté d’innover. Affaire à suivre.
Le monde de l’édition est en pleine mutation, l’arrivée du numérique a fait rentrer de nouveaux enjeux sur ce marché. Certains acteurs l’ont compris, d’autres non.