Les auteurs spécialisés dans le management et la sociologie (Mintzberg, Collins, Drucker, Aaron) s’accordent généralement à dire qu’un manager exerce ses responsabilités dans les grands domaines suivants: animer, produire, gérer et innover. Regardons l’innovation. Comment l’innovation peut elle augmenter la performance au sein de l’entreprise ?
Pour ce qui me concerne, je crois que l’innovation va au delà du produit seulement.
Je vois 4 applications qui permettent à l’innovation d’ impacter rapidement et radicalement la performance de l’entreprise.
Ces applications sont les hommes, l’organisation, le modèle économique et le produit.
1.0 Les hommes
L’apport de compétences, de talent, d’expertise par l’arrivée d’un collaborateur amène systématiquement un accru de performance. Les questions sont : quelle est le niveau de responsabilité et d’autorité du nouvel arrivant au sein de l’équipe ? La question se pose donc en ces termes et non pas sous forme du nombre d’arrivées, c’est à dire « combien de nouveaux arrivants au sein de l’entreprise ? ». En effet, l’arrivée d’un junior dont les responsabilités seraient limitées impacte peu ou pas une organisation globale. Au contraire, il peut se faire absorber par l’organisation existante, se faire diluer alors qu’il avait une volonté réelle d’innover. En revanche, l’arrivée d’un senior entraine souvent une réorganisation, de nouvelles arrivées et la volonté d’innover sur des méthodes de travail et des énergies. La réalisation d’objectifs et la dynamique pour les atteindre s’en trouve simplifié. L’exemple le plus sensible est l’arrivée d’un nouveau CEO qui va constituer ses équipes et intelligemment construire ou reconstruire en utilisant les énergies en place et surtout en apportant un nouvel élan. L’arrivée de Carlos Ghosn chez Nissan, le retour de Jobs chez Apple sont les plus connus. Mais l’impact n’est pas moindre au niveau des membres des comités de direction. Pour les postes clés chez Eyeka, Gilles et moi avons mené 34 entretiens pour le patron de la R&D et 18 pour le patron des ventes. C’est un contexte particulier de start-up et nos personnalités sont ainsi. En terme de management, je recommande donc de préférer systématiquement le mix qualification/séniorité quand les enjeux sont clés.
2.0 Rupture dans l’organisation
L’innovation dans l’organisation tire son essence d’une organisation déjà en place souvent défaillante, sourde et aveugle au marché. Une organisation innovante est alors une question de survie. Elle s’inscrit donc dans une évolution profonde de l’existant remis en cause par une absence de performance ou par l’anticipation de nouvelles forces sur le marché : émergence et réaction face à la concurrence tel Boeing face à Airbus ou Dell face à ses concurrents , pressions des lobbys comme dans l’industrie du tabac, modèle économique déclinant comme la prise de position « au féminin.com » sur un territoire laissé vierge par les leaders de la presse féminine, Elle, Marie-Claire, Glamour. Elle s’articule autour du couple produit/marché. Comment mieux adresser ses marchés, les plus rentables ou les marchés en croissance ? Comment concevoir, développer, produire et lancer les produits qui correspondent à ces marchés ? Elle peut être à l’origine d’un nouveau souffle au sein d’une entreprise. Elle est souvent concomitante des changements de leaders. Il est assez difficile pour de larges organisations de se remettre en cause pour des questions de territoires et de pouvoirs. Pour certaines de ces grandes entreprises, la remise en cause est construite sur un mode de pensée identique totalement miroir de celui qui a présidé l’entreprise avant sa remise en cause. De l’extérieur, cela semble être ce qui se passe chez Ford. Peu de chances de réussite. Elle peut être à l’origine d’un nouveau souffle au sein d’une entreprise. Elle est souvent concomitante des changements de leaders. Il est assez difficile pour de larges organisations de se remettre en cause pour des questions de territoires et de pouvoirs. J’ai toujours été sensible au modèle organisationnel mis en place par Richard Branson, mais me pose la question de savoir si ce n’était pas une nécessité. Il créait tant d’entreprises qu’il se devait de déléguer à des patrons de filiales.
J’ai drivé et contribué à transformer deux entreprises et il me semble que réussir un changement organisationnel exige 4 qualités majeures: forte conceptualisation, très grande préparation, rupture pour un avant/après, et suivi de mise en place rigoureux. En conclusion, je recommande de constuire des organisations souples, réactives, poreuses aux tendances qui peuvent se remettre en question. Cela me parait essentiel au sein d’un environnement concurrentiel international.
Dans un post ultérieur, je couvrirai le modèle économique et le produit qui sont pour moi les deux autres applications clés pour augmenter la performance par l’innovation au sein de l’entreprise.