Les réseaux sociaux, Facebook en tête, sont en passe de devenir la première source d’informations de la Police Nationale Française. 4 nature d’informations intéressent les enquêteurs: les profils des internautes, leurs conversations sur le mur, les photos mises en lignes et leur réseau d’amis sur plusieurs niveaux. La consultation des comptes Facebook devient quasi systématique, les délinquants, comme beaucoup d’entre nous, étant prolixes sur le web sur des informations personnelles que nous refuserions de communiquer à certaines de nos connaissances.
Les exemples d’utilisation de Facebook par les polices à l’étranger
Ce constat n’est pas propre à la police française. Dans son discours inaugural lors de la conférence sur la cybercriminalité à Sydney il y a quelques jours, Tony Negus a parfaitement décrit les enjeux de la police australienne.
High tech crime has evolved in an environment that offers: anonymity; global reach across jurisdictions; transient evidence; and ‘crime at network speed’.
Facebook collabore ainsi avec la Police Australienne sur les affaires de pédophilie dans lesquelles le réseau pourrait servir de relai et une situation a ainsi été identifiée.
Aux Etats-Unis, les réseaux sociaux font l’objet d’analyses précises par les forces de police comme Ici où il s’agit de donner les clés de compréhension et d’utilisation des principaux:
for access to records concerning “use of social networking websites (including, but not limited to Facebook, MySpace, Twitter, Flickr and other online social media) for investigative (criminal or otherwise) or data gathering purposes
La cybercriminalité est devenue depuis longtemps un des axes de travail fondamental de la justice américaine, mais les abus existent. Ainsi, 4 mineurs étudiants à l’Université du Wisconsin – La Crosse ont été arrêtés et jugés pour délit de boisson sur la base de photos mises en ligne Facebook.
En Italie, un des leaders de la Mafia Calabraise, Pasquale Manfredi, 33 ans, surnommé “Scarface” a été arrêté grâce à Facebook où il se présentait sous le pseudo de Georgie. La police a passé au crible ses 200 amis sur le réseau pour poursuivre son travail d’investigation.
Plus besoin d’Edvige – Merci Facebook
Facebook atteindra bientôt 20 millions de membres en France sur une base de déclaratif volontaire de notre part à tous. Dans la mesure où il s’agit de déclaratif, les informations sont prises avec recul par les enquêteurs selon Alain Permingeat, chef de la division de lutte contre la cybercriminalité au STRJD.
Facebook est toutefois une source active, intarissable, réactualisée, et quasi collaborationniste pour les autorités qui n’en demandait pas tant et je n’entend pas par les pourfendeurs d’Edvige lever la voix contre Facebook.
Rappelez vous que le projet Edvige dont le décret a été publié le 1er juillet 2008, puis retiré mais relancé sous d’autres formes de fichiers, avait pour but de recenser dès 13 ans des personnes jugées “susceptibles de porter atteinte à l’ordre public”. Ce fichier n’aurait jamais atteint la performance de ceux proposés par les réseaux sociaux dont les informations sont en ligne et mises à jour régulièrement sans toutefois être exhaustif puisque tout le monde n’y est pas.
Vers la fin de l’anonymat sur le web.
Ce double constat de cybercriminalité d’une part et d’autre part de la masse d’information mise en ligne par les internautes allant jusqu’à la révélation volontaire nos identités sur internet sont les moteurs d’une évolution profonde du web vers la perte de l’anonymat et la constitution de l’équivalent d’une base de donnée mondiale de nos identités détaillées et à terme de nos comportements prévisibles. Ce n’est rien d’autre que ce qu’annonçait dernièrement le patron de Google, Eric Schmidt à Techonomy qui déclarait qu’il faut en finir avec l’anonymat sur le web.
“The only way to manage this is true transparency and no anonymity,” “In a world of asynchronous threats, it is too dangerous for there not to be some way to identify you. We need a [verified] name service for people. Governments will demand it.”
Compte-tenu de la pertinence d’Eric Schmidt, de son influence et de sa connaissance des dirigeants politiques, les grandes prédictions Orwelliennesl sont déjà réalité et nous allons nous réveiller un matin avec un sentiment d’impuissance couplé à une migraine tenace.