Il y a certains tournants qui prennent des allures symboliques. Le magazine Newsweek vient de publier sa dernière édition imprimée. Il était sorti des presses pour son tout premier numéro le 17 février 1933. En 2010, Sidney Harman l’avait racheté au Washington Post Co. pour 1 dollar. La refondation s’’était faite à force de passion et de courage du staff qui avait tenu le cap, enivré par une actualité débordante, le printemps Arabe, la fin de Ben Laden, les évènements du Caire et de Lybie, les élections américaines, l’affaire Strauss-Kahn etc.
La décision de la rédaction et des actionnaires de quitter le papier pour le digital ressemble à un acte de foi pour un modèle digital encore en gestation, en particulier sur la viabilité d’un titre 100% web. Mais c’est un acte de foi basé à la fois sur des convictions quant à la mission de journaliste et basé aussi sur une nécessité économique. En France, le système bancale privé / public maintient à flot les titres et Presstalis, au sein desquels les dirigeants et les salariés sont guidés par le maintien de leurs avantages. Tant que cela dure … et que l’état paye.
En conclusion de son édito, voici les mots de Tina Brown, editor-in-chief du The Daily Beast et Newsweek, qui pourront peut-être inspirer certains d’entre nous:
This is not a conventional magazine, or a hidebound place. It is in that spirit that we’re making our latest, momentous change, embracing a digital medium that all our competitors will one day need to embrace with the same fervor. We are ahead of the curve. A magazine that will soon turn 80 will now be, when all the changes are unveiled in February, a vigorous young publication all over again, taking its readers to territory that is new and uncharted. One thing, however, will not change, and that is our commitment to journalism of the very highest quality. We would not be Newsweek if it were otherwise. So as we say sayonara to print, we thank our 1.5 million loyal readers, and ask you to wish us luck and join us next year in our all-digital future.