C’est officiel : Orange va rentrer à hauteur de 49% dans le capital de Dailymotion pour un montant de 58,8 millions d’euros. La plateforme vidéo non-cotée en bourse est de facto valorisée à environ 120 millions d’euros.
Côté France Télécom, cet événement correspond à la poursuite d’une stratégie esquissée par l’annonce le 19 janvier dernier, d’un joint-venture avec Canal plus qui a mis fin à trois ans de rudes frictions concurrentielles… Orange continue ainsi sa stratégie de “partenariats” visant à se dégager des lourds investissements – en mode “player solo” – qui avaient été faits dans l’édition de contenus (on pense par exemple au foot… ).
Côté Dailymotion cet investissement arrive à point nommé pour sortir d’une situation incertaine planant depuis déjà quelques années… Beaucoup d’eau est en effet passée sous les ponts depuis 2007, une période au cours de laquelle les deux créateurs de Dailymotion auraient refusé des offres de reprise très juteuses… En 2009 c’est le FSI qui est venu à la rescousse de la plateforme, en apportant 7,5 millions d’euros. Si certains pensent que l’État français était intéressé par un hypothétique pouvoir sur le choix des contenus à diffuser, il est plus probable que cette mobilisation de fonds publics ait d’abord eu pour but de donner de l’oxygène à une entreprise en déficit et peinant à trouver un modèle économique viable.
En définitive, si Orange semble au premier abord s’engager sur un secteur prometteur qui permette d’en finir avec les investissements décevants faits depuis 2008, il apparaît en fait que l’incertitude demeure : les plateformes vidéos n’ont pas encore trouvé leur modèle économique ! Si les difficultés de Youtube sont moins visibles car Google est aux commandes depuis le rachat de 2006 (1,65 milliard de dollars) ; il apparaît que d’année en année, les promesses de bénéfices n’ont jamais été tenues… Même le chiffre d’affaire reste secret et à Mountain View, l’opacité est toujours plus stratégique que gratuite…
Plus largement, tout cela interroge le modèle économique du web social en général. N’oublions pas que Facebook est désormais valorisé à environ 50 milliards de dollars, une somme astronomique dont on peut se demander si elle serait maintenue si le 1er réseau social devait être introduit en bourse : il y aurait alors obligation de publier des rapports financiers allant en profondeur, ce qui n’est aujourd’hui pas le cas ! Au-delà des espérances d’un certain nombre de commentateurs, 2011 s’annonce donc surtout comme une année prometteuse en surprises (reste à savoir si elle seront bonnes ou mauvaises) !