L’audiovisuel public est à l’ordre du jour mais je dois avouer que je ne comprends pas trop l’alternative économique qui soutient la réforme annoncée hier lors de conférence de presse du Président Nicolas Sarkozy. Les chaines publiques ne feraient plus appel à la publicité qui finance 1/3 de leur budget (833 millions d’euros sur 2,8 milliards en 2008), les 2/3 restant étant financés par la redevance et des dotations budgétaires. Elles seraient financées par une taxe sur la publicité additionnelle générée sur les chaines privées, ainsi que par une taxe infinitésimale sur les fournisseurs d’accès à internet et les opérateurs mobiles.
Contre l’interventionisme étatique
Sur ce dernier point, je suis totalement contre cette idée de financer un média établi et perdant des parts de marché par une taxe sur les médias émergeants. Le NewYork Herald Tribune titre aujourd’hui sur la France qui serait le premier pays au monde à taxer internet. Monter la redevance semble aussi peu réaliste. Il faudrait avoir le courage de restructurer le budget de fonctionnement.
Feu vert pour une réforme structurelle ou retour à l’ORTF?
C’est donc “carte blanche” pour Patrick de Carolis, le président de France Télévisions qui pourra mener à terme une réforme structurelle de son entreprise sans porter la directe responsabilité de son initialisation. Mais cela coupe l’herbe sous le pieds de Jean-Paul Cluzel, le président de Radio France qui demandait à avoir accès à la publicité commerciale. Il serait contracdictoire de les y autoriser.
Cela contribuera t’il à améliorer la qualité des programmes?
Sans doute pas. Arte et France 5 sont positionnées sur des programmes de qualité. France2 et France3 sont sur des logiques d’audience. Aucune raison que cette logique d’audience ne change compte tenu du budget global alloué par le parlement. Pour plaire au plus grand nombre, les programmes resteront dans la lignée de ce qu’ils sont. En Europe, seule la BBC ne fait pas appel à la publicité et BBC1 se rapproche de France2 dans son format.
Qui bénéficiera de ce milliard d’euros supplémentaires?
Alors qu’ils sont chahutés et leur part de marché en baisse, les cours de bourse de TF1, M6 et Bouygues (maison mère de TF1) se sont envolés hier à la bourse de Paris – de l’ordre de 10%, 5%, 3%. Les tarifs et les montants investis seront en croissance. Gagnats aussi, les chaines de la TNT, dont le Groupe Direct 8 de Bolloré, celles du cable et sans doute certains médias sur internet dont les investissements total se monte à environ 1 milliard d’euros.
Il faut sans doute raccrocher cette réforme à la vision plus large de “alter-média global” développée par Georges-Marc Benamou, conseiller de Nicolas Sarkozy pour l’audiovisuel