Jérôme Chouraqui, président du Média Club, avait réuni des professionnels le 18 décembre dernier pour une conférence sur le thème de l’avenir de la Télévision Mobile Personnelle. J’en suis sorti un peu moins ignorant ! Merci.
Je suis tout de même frappé par le fait qu’il s’agisse d’une initiative qui reste totalement contrôlée par l’état et dont bénéficieront avant tout les grands acteurs et éditeurs déjà en place.
Après la folie du câble, du satellite, de la fibre optique, la télévision mobile personnelle va-t-elle être prise dans l’étau des choix colbertistes, dixit Simone Halberstadt Harari, PDG d’Effervescence et l’une des grands productrices du PAF? Nous avons 10 ans de retard sur le câble et nous sommes le seul pays européen à avoir 2 plateformes satellitaires. Or nous sommes aujourd’hui dans un processus d’appel d’offre mené par le CSA pour attribuer 16 chaînes sous la norme DVBH. Rappelons que le timing de cet appel d’offre, auquel participe de grands éditeurs français, est le suivant :
– Dépôt des candidatures pour le 15 janvier 2008
– Sélection de 16 chaines par le CSA pour mai 2008
– Constitution du multiplex espéré pour juillet/aout 2008
– Lancement commercial début 2009
L’heure de vérité se rapproche donc : les discussions vont devoir s’arrêter. Quels seront les contenus de ces chaînes? “Pour regarder quoi : plus du même ou autre chose ?” S.Harari
Selon Janine Langlois-Glandier, présidente du Forum TV Mobile, crée par le Ministère de l’industrie, voici les critères de succès des contenus sur mobile.
– Présence de marques fortes
– Contenus adaptés à la mobilité
– Utilisation à l’extérieur et à l’intérieur des bâtiments
– Nouveaux prime time : matinée/midi/soir à caler par rapport aux transports
– Durée plus courte pour chaque session
– Diffusion moins linéaire
– Programmes courts
– Interactivité et personnalisation : ce que je veux, où je veux, quand je veux
– Le mobispectateur devient producteur de contenu
– Accès libre ou contrôle parental
– formats publicitaires
Un retour d’expérience nuancé
Pour Thomas Husson de Jupiter Research, les succès principaux sont repérés en Italie et en Corée du Sud. En Italie, TRE a bénéficié sur le sport de 770 000 activations au 24 octobre 2007 soit 10% de la base installée et un usage hebdomadaire de 15% et de 40 minutes par jour. Ils ont démarré avec des produits exclusifs : coupe du monde 2006 et Ligue 1 Italienne. Pour en bénéficier, il faut s’abonner à la 3G et au service. Les résultats sont finanlement déceptifs dans la mesure où TRE visait 1 million d’abonnés fin 2006.
En Corée, la télévision payante sur mobile reste très largement déficitaire. La télévision gratuite, financée par la publicité, est encore en phase d’amorçage.
Aux Etats-Unis, l’intérêt principal des sondés est pour le « Live ».
La France part avec du retard, mais bénéficie de ces retours d’expériences internationaux.
Le modèle économique : encore beaucoup d’inconnues
Le point clé est celui du modèle économique. Le mobinaute paiera t’il 5€ à 7€ par mois pour avoir accès à ces services. Celui du paiement à la demande était intéressant mais ne semble pas retenu. Les modèles d’accès envisagés sont :
– Les Chaines gratuites à accès non crypté => ne fonctionne nulle part
– Les Chaines gratuites cryptées à accès payant => selon les études, les futurs clients sont tous prêts à payer un droit, un peu comme sur l’autoroute.
– Les Chaines premiums
A noter que le Simavelec s’est prononcé hier en faveur du modèle gratuit que ses industriels seraient prêts à financer sous forme de redevance par terminal vendu. Il est en revanche sceptique sur le modèle payant : offre limitée et coût non négligeable pour l’abonné.
En conclusion, il me semble que le débat est encore trop technologique : 3G (80 chaines) ou DVBH (16 chaines) et qu’il reste beaucoup d’incertitudes sur les modèles économiques. Tous les atouts sont pourtant là pour faire un produit de masse de la combinaison de deux produits de masse – TV et mobile.
A lire
Sur YouVox
Sur Journal du Net
L’étude d’OC&C sur la télévision mobile personnelle : fin 2006, pose bien les enjeux